Lierre terrestre

Lierre terrestre
Nom latin
Glechoma hederacea
Famille botanique
Lamiaceae
Description

Le gléchome lierre terrestre[1]lierre terrestre ou lierre terrestre commun (Glechoma hederacea) est une espèce de plantes de la famille des lamiacées (famille des menthes notamment). Elle est parfois appelée courroie de saint Jean ou courroie de terre (pour ses stolons), Rondelotte ou Rondette (pour la forme de ses feuilles), ou encore Lierret.

 

Appareil végétatif

C'est une plante vivace et rampante de 5 à 40 cm de hauteur. Hémicryptophyte stolonifère, elle assure sa multiplication végétative par des stolons épigés (avec présence quelquefois de rosettes) qui la rendent facilement envahissante. Au printemps, les tiges horizontales de cette plante tapissante poussent vers le haut, à la verticale, et émettent de nombreuses petites fleurs violacées au niveau des nœuds. Elle est nommée « lierre terrestre » en raison de sa ressemblance approximative avec le lierre grimpant et de son port rampant sur le sol, mais sans s'élever sur un support[6].

Les tiges à section quadrangulaire, souvent rougeâtres à la base, sont glabres ou subglabres. Les feuilles à pétioles (de 4,5 à 8 cm de longueur) et sans stipules, se présentent opposées par paires sur les tiges.

 

Habitat et distribution

Cette espèce nitrocline préfère l'humus et la mi-ombre humide (elle occupe notamment les aulnaies et frênaies), mais peut aussi s'accommoder du soleil. Formant des tapis denses dans les lieux ombragés quand le sol est riche et humide, elle est caractéristique des communautés nitrophiles de lisières externes ou internes des forêts (chênaies-charmaies), mais est aussi très commune en taillis rudéralisés, le long des bords de route et de chemin, des haies et des friches, près des habitations (la plante résistant à la tonte grâce à ses tiges traçantes), sur la quasi-totalité du territoire français et la Corse, ainsi que le reste de l'Europe, l'Asie occidentale et boréale jusqu'au Japon[11]. Originaire d'Eurasie, elle a colonisé l'Amérique du Nord après y avoir été amenée par les colons européens[12].

 

Usage historique

Jadis, Glechoma hederacea était considérée comme une plante magique associée à la magie blanche.

La « couronne de terre » est toute bénéfique. Placée sous la couche des jeunes mères, avec d'autres herbes, elle avait la vertu de leur redonner des forces après le travail de l'enfantement[13].

Elle jouissait déjà, au xiie siècle, de la réputation de pectoral. Les médecins de la Renaissance y voyaient un vulnéraire puissant, guérissant les plaies internes et les brûlures. Au xviiie siècle, on appliquait sa décoction sur la tête des fous[14].

Sa floraison précoce en mars-avril et durant jusqu'à l'automne, en fait l'une des premières fleurs de l'année et d'autant plus précieuse pour les insectes se nourrissant de nectar et notamment les bourdons.
Elle a servi à clarifier, aromatiser et préserver la bière jusqu'au xviie siècle, avant l'utilisation du houblon[8],[12]. L'un de ses noms communs liés à la fabrication de la bière en anglais, est « gill », qui vient du français « guiller »[8] (dit de la bière en fermentation)[15].

Elle a également été longtemps considérée comme une panacée[12].

Usage moderne

C'est une plante mellifère dont le parfum très particulier des feuilles (rappelant à la fois la menthe, le citron et l'humus)[16] peut remplacer celui de la menthe pour relever les salades ou les soupes, aromatiser des apéritifs à base de jus de pomme ou de vin blanc, des cocktails, ou se marier avec des préparations à base de chocolat. Le chef étoilé Marc Veyrat s'en sert pour accompagner un rouget[16]. Les fleurs servent parfois pour aromatiser et décorer les gâteaux, les glaces[5]. Les feuilles et jeunes pousses utilisables toute l'année deviennent cependant amères et astringentes en raison de leur richesse en tanins, aussi est-il préférable de les cueillir lorsqu'elles sont assez jeunes ou les utiliser en tisane[17].

Il est recommandé de ne pas l'ingérer en grandes quantités. Les chats et chiens peuvent se rendre malades en en mangeant beaucoup. L'ensemble de la plante est aussi dangereux pour les tortues terrestres[18] et les reptiles de façon générale[19]. Des cas d'intoxication, en Europe de l'Est, de bétail et de chevaux qui en ont consommé en quantité, sont reportés[20].

 

Propriétés médicinales

Le lierre terrestre contient du tanin, une huile essentielle, et un taux élevé de vitamine C. On y trouve aussi du 1,8-cinéole (également appelé eucalyptol), α-pinèneapigénineβ-sitostérolbornéolacide caféiqueacide féruliquehyperosideiodelutéolinementholacide oléanolique (un vasodilatateur démontré[21]), acide rosmariniquerutineacide ursolique[12].

Ses qualités médicinales sont connues depuis au moins la Grèce ancienne. Galien la recommandait pour les inflammations oculaires. L'herbaliste anglais John Gerard (1545-1607) la recommandait pour les tintements d'oreille. La plante est traditionnellement utilisée en phytothérapie comme diurétique (une aide pour les désordres rénaux), astringent, stomachique (aliment tonique et stimulant doux notamment pour les indigestions)[8]vulnéraire (aide à la cicatrisation des blessures externes), anti-inflammatoire[22]expectorant (sommité fleurie utilisée pour les affections bronchiques), et pour soulager les hémorroïdes[3]. Des recherches sont menées sur de possibles effets anticancéreux [22].

 

Risques de confusion

Les feuilles de Lierre terrestre peuvent être confondues avant la floraison, avec d'autres plantes comestibles (la Mauve dont la feuille est plus dentée que crénelée, la Violette dont la feuille non odorante est gluante en raison de la présence de mucilages, l'Alliaire dont la feuille a une crénelure plus irrégulière, les lamiers ou les Dorines), mais aussi des toxiques, (Meehania cordata (en)Ficaire et Véronique de Perse). La floraison permet de lever cette confusion[23].